Revoila le droit de vote des étrangers !

Publié le par Brath-z

Déjà présent en 1981 parmi les 110 propositions du candidat élu François Mitterand, le droit de vote des étrangers aux élections locales en France est depuis repris à intervalles (électoraux) réguliers par la gauche. Ne voulant pas sacrifier à la tradition, voilà que Martine Aubry l'a remit en avant, suscitant bien des commentaires... tous dans le même sens. Les caciques du PS ont acquiessé, Jean-Luc Mélenchon a affirmé son soutien à cette proposition, l'extrême-gauche evidemment milite pour ce faire ; le président Sarkozy et le ministre Besson se sont tous deux prononcés à titre personnels favorablement à cette proposition.
On peut donc penser que le vote des étrangers (comprendre par-là "non citoyens de la République Française" et pas quelque autre fantasmagorie) en France serait une mesure de gauche sociale qui aurait conquis à force d'un travail pédagogique de longue haleine certaines pointures de la droite. En vérité, le droit de vote des étrangers en France est une mesure qui correspond à vision de la France très... réactionnaire. Celle d'une France qui ne serait plus qu'un agglomérat de territoires accordant des droits à des habitants, quand la France est, notamment par la grâce de la gauche sociale depuis plus d'un siècle, une nation au sein de laquelle vit un corps de citoyens, liés par des valeurs entre eux, qui dispose de droits et de devoirs dont l'ensemble est partie prenante de l'identité nationale française.

Le droit de vote est irrémédiablement lié à la condition de citoyen. En adoptant le droit de vote aux élections locales des citoyens de l'Union Européenne, la France a surtout montré sa bonne volonté politique dans le processus de construction de l'Europe politique.

De plus, il y a un autre point qui me gène avec cette proposition, c'est la distinction établie entre vote national et vote local. Le droit de vote est un principe constitutif de notre régime (la cinquième République) et n'est par conséquent pas modulable. Instaurer un vote officiellement "local" reviendrait à établir une nouvelle forme de citoyenneté, fondée sur le lieu d'habitation plus que sur l'appartenance à une communauté de citoyens. La République étant indivisible, cela risque de poser problème.

Les deux problèmes sus-mentionnés mettent en plus en lumière la tendance actuelle au morcellement administratif de la France. En en faisant un aréopage de territoires, une fédération lache de régions ou de communes, tout en l'intégrant dans une Union Européenne anti-démocratique, la classe politique nationale risque d'entâmer sa souveraineté, et de façon irrémédiable. Alors certes, il peut paraître généreux de permettre à des individus vivant sur un territoire de voter pour s'insérer plus pleinement dans une "communauté villageoise" où ils trouvent leur place, mais c'est avant tout un jeu dangereux qui dénote d'une conception de la France qui en fait un territoire plus qu'un pays, un espace géographique plus qu'une nation.
Sans oublier de mentionner, comme l'a très bien fait remaruqer Eric Zemmour, que l'argument selon lequel les étrangers devraient avoir le droit de vote parce qu'ils payent des impôts peut être vu comme une résurgence très malvenue du droit de vote censitaire, dans lequel on n'a pas des citoyens mais des électeurs, qui accèdent à ce statut par leurs conditions matérielles. Il n'y qu'un mot à ajouter pour passer de "ceux qui payent des impôts devraient avoir le droit de vote" à "seuls ceux qui payent des impôts devraient avoir le droit de vote".

Bref, je suis contre le droit de vote des étrangers aux élections locales, avant tout parce que c'est là la porte ouverte à bien des dérives et qu'il faut bien à un moment où un autre marquer la limite à ne pas franchir. Or, l'atteinte d'un des éléments constitutif de la condition de citoyen me semble être cette limite.

Il ne faut pas oublier qu'on est électeur parce qu'on est citoyen.

Publié dans Mon opinion

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B
<br /> Adrien > Que le CNI s'oppose à la stratégie européiste de fragmentation de la nation en régions pour une intégration dans une Union Européenne devenue fédération de "länders", je veux bien le<br /> croire, mais le fait est que ce mouvement n'est pas, n'a jamais été, et ne sera probablement jamais centralisateur, encore moins jacobin. Il me semble que, sur cette question précise, il est le<br /> pendant de droite du centre-gauche de feue la SFIO. Alors que l'alliance de DLR avec le CNI soit purement stratégique, je veux bien, mais comme je l'ai dit, c'est là un jeu dangereux, et<br /> stratégiquement ça présente des risques.<br /> <br /> M. Pielout > Déjà, le terme "diversité" employé pour caractériser la diversité ethnique, il me sort par les trous de nez. Parce que nous sommes en France et qu'en France le fait racial n'a<br /> jamais été prédominent en politique par rapport aux faits économique et social (pas comme aux États Unis d'Amérique, pour ne citer qu'eux). Donc un parti qui se fait l'exégète de la "diversité" ne<br /> me plaît guère. Après cela, qu'il y ai effectivement des immigrés et/ou enfants d'immigrés promus par des partis, ça ne me gène pas tant que cette promotion ne se fait pas sur le registre<br /> racialiste.<br /> <br /> Ensuite, le rapport à la nation et à la nationalité me semble prédominant dans la question des élections. Comme je l'ai précisé sur le blog de M. de Boissieu, j'ai évolué sur la question de la<br /> double nationalité. D'abord farouchement opposé à ce phénomène qui induit des fidélités nationales doubles ou triples, je me suis déclaré favorable à l'instauration d'une différenciation entre la<br /> nationalité "principale" et les autres (la raison de cette révision de mon opinion est l'étude que j'ai faite de la communauté arménienne en France, pour les membres de laquelle, depuis la fin du<br /> conflit avec le Kazakhstan en 1995, l'acquisition de la double nationalité entraîne le renoncement symbolique à la transmission de l'arménité aux générations suivantes, et donc l'assimilation<br /> pleine et entière à la communauté nationale française). En posant le multinational face à la nécessité d'opter plus pour une nationalité que pour une autre, on peut je pense résoudre pas mal de<br /> problèmes identitaires, surtout chez les fils et filles d'immigrés, comme c'est mon cas (fils d'un immigré espagnol jamais naturalisé français, je me déclare nationaliste français, c'est quand même<br /> un phénomène typique de la France !). Bien évidemment, la citoyenneté française unique ou "principale" (la citoyenneté européenne étant plus un gadget qu'autre chose, je ne la fait entrer dans<br /> l'équation) serait une nécessité pour prétendre à toute fonction éligible en France. Dans le cas de figure d'un citoyen français, même ayant opté pour la nationalité française à titre secondaire,<br /> qui obtiendrait des fonctions dans l'appareil d'état et/ou dans l'armée d'un pays étranger (même pour un service militaire, y compris pour les quinze ou seize pays avec lesquels la France a<br /> conservé une convention sur ce sujet), je me prononce pour la déchéance de la nationalité française.<br /> <br /> En ce qui concerne l'aspect culturel, j'avoue rester le cul entre deux chaises. Les élus ne sont pas toujours les "représentants" du peuple, et même lorsqu'ils le sont (comme c'est le cas pour les<br /> députés, par exemple), ils ne doivent pas être représentatifs du peuple. Les élus sont des mandatés par le peuple. Plus que le peuple (ou la fraction du peuple qui les a élu), ils doivent<br /> représenter ses intérêts et les servir au mieux.<br /> Par contre, je ne nie pas qu'il y a un lien parfois profond entre la capacité de ce faire et une certaine "sensibilité française" que j'ai moi-même du mal à définir. Cependant, il me semble bien<br /> qu'au regard de la loi, rien n'empêche un citoyen français ayant l'essentiel de ses attaches à l'étranger d'être élu en France (ce que je déplore). L'exemple qui me vient spontanément en tête (mais<br /> c'est parce que je ne le supporte pas) est Daniel Cohn-Bendit.<br /> <br /> Concernant les statistiques, puisqu'une partie de mon travail porte sur ce sujet, je vais éclairer votre lanterne :<br /> - un immigré légal, même naturalisé, reste un immigré<br /> - les immigrés légaux sont donc, dans les statistiques, séparés en deux catégories : les naturalisés et les étrangers (quelques fois, on lit les "résidents", ce qui me hérisse le poil)<br /> Les statistiques, même celles transmises directement par le ministère de l'immigration (elles étaient auparavant du ressort du ministère des affaires sociales, voire du travail sous certains<br /> gouvernement, y compris pour l'immigration de peuplement et celle de refuge), sont rarement reprises telles quelles dans la presse. Je ne sais pas à quoi est du ce phénomène. Peut-être les<br /> journalistes ne comprennent pas la distinction entre un "immigré" et un "étranger" et publient-ils le chiffre des seconds avec pour légende le premier terme.<br /> <br /> <br />
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P
<br /> Bonjour,<br /> J'aimerais revenir sur votre article concernant la double nationalité.<br /> <br /> Que pensez vous aujourd'hui d'un parti qui essaie vainement de faire élire des "français issus de la diversité", qui possèdent la double nationalité (extra européenne) alors que ceux ci sont nés en<br /> France ?<br /> <br /> Que pensez vous du droit de ces mêmes français de représenter leur concitoyens français, lorsque leur culture est essentiellement empreinte de leur pays d'origine: mariage dans leur " autre" pays,<br /> investissements dans leur "autre" pays extra européen?<br /> <br /> pensez vous qu'ils puissent au regard de la loi être éligible?<br /> Plus stupide encore, ma réflexion serait de donner la nationalité française facilement si bien que l'on contourne ainsi l'épineux problème! ( je me demande d'ailleurs si ce n'est déjà fait quand<br /> regardant les statistiques il y a très très peu d'immigrés en France!<br /> <br /> Je vous remercie d'éclairer ma lanterne de français en panne de citoyenneté.<br /> <br /> Bien amicalement<br /> Mr Pielout<br /> <br /> <br />
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A
<br /> Oui je comprends votre logique même si je ne la partage pas complétement sur le CNI. Si je ne partage pas son positionnement trés libéral, ce parti est tout de même est un parti national patriote<br /> qui a coeur de défendre la France et la tradition. Ce parti a combattu l'Eruope fédéral, il me semble. Les valeurs que défendent ce parti ne sont pas trés éloignés de DLR. On peut préconiser une<br /> économie libre tout en étant nationnaliste, l'union patriotique qui devra rendre sa souveraineté à la France ne pourra pas se faire avec que avec des gens qui partagent en tout points nos options.<br /> <br /> <br />
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A
<br /> Je ne comprends pas l'acharnement que nos élites médiatiques, politiques et économiques il faut bien le dire, à nos faire avaler cette cochonnerie, on pourrait d'ailleurs comparer ce débat avec<br /> celui sur le mariage homosexuel, qui ne risque pas de changer la vie des homosexuels mais qu'une élite s'efforce de nous imposer. On s'en prend d'une main à notre souveraineté en voulant imposer le<br /> droit de vote des non français et avec l'autre main on gifle le pays réel en s'en prenant au mariage. On pourrait d'ailleurs décliner cela sur nombre de sujets.<br /> Vous remarquez d'ailleurs fort justement que la défense de la France est le contraire d'un rabougrissement réactionnaire de petits blancs grognon, c'est une façon de voir et d'expliquer le monde<br /> qui est plus que jamais actuel. Nous (patriotes, souverainistes, nationalistes, gaullistes....) devons discipliner notre langage la dessus pour prouver que défendre la France est une idée<br /> profondément moderne.<br /> Très bon article, j'ai cependant lu sur le blog de monsieur de Boissieu que vous étiez mécontent du rapprochement DLR-CNI, je n'ai pas très bien compris pourquoi.<br /> <br /> <br />
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B
<br /> Merci du compliment, cher Adrien !<br /> <br /> Concernant le mariage homosexuel, ma position est assez "pragmatique" (je mets des guillemets depuis que ce mot est utilisé pour tout et n'importe quoi, comme je le fais moi-même en<br /> l'occurence).<br /> Si le mariage civil (le mariage religieux, c'est tout autre chose, il n'est pas question de voir l'état s'ingérer dans les affaires privées) constitue désormais la simple union de deux individus<br /> devant l'état et non plus l'acte fondateur d'une famille, alors il est tout à fait justifié d'autoriser le mariage homosexuel. Si en revanche la vision marchande du quotidien promue par la société<br /> de consommation et la "communication" (les "relations publiques", la "propagande", etc.) n'a pas réussi à imposer cette désacralisation du mariage civil (désacralisation qui, en soi, n'est pas<br /> nécéssairement négative, j'emploie des termes connotés mais ne les connote pas moi-même), alors l'adoption du mariage homosexuel, mesure qui tient à la fois du sociétal et de l'institutionnel (le<br /> mariage étant une institution de l'état en même temps qu'une coutume traditionnelle), c'est-à-dire de ce que je nomme le "culturel" (par opposition au "temporel"), a de grandes chances d'avoir des<br /> conséquences facheuses, voire désastreuses.<br /> Je vous avoue que je suis, en fait, peu au fait de la question, et que je n'ai par conséquent pas encore tranché, d'autant que mon éducation et mon histoire personelle m'éloignent fortement du<br /> mariage, qu'il soit civil ou religieux.<br /> <br /> Concernant le rapprochement DLR-CNI, je trouve assez abberant le rapprochement d'un mouvement gaulliste (à fibre sociale, dont le dirigisme économique fait partie du corpus idéologique de base et<br /> qui prône l'association des classes par-delà les irrédentismes sociaux et religieux pour batir un projet national) et d'un mouvement libéral-conservatiste (libéral et même anti-dirigiste en<br /> économie, socialement favorable à l'inertie sociale). Je me dis que soit cet accord est strictement électoraliste, auquel cas c'est un jeu dangereux auquel joue DLR, car elle risque d'être<br /> réorienté dans cette voie historiquement assez antigaulliste, soit c'est un accord sur ce qui est commun aux deux mouvements, et qui se réduit à un attachement aux institutions de la République et<br /> à un certain conservatisme sociétal (défense des traditions et des valeurs morales), ce qui est somme toute assez réducteur et ne constitue pas un projet politique, puisqu'il y a alors occultation<br /> des perspectives économiques et sociales (ce que j'appelle le "temporel", à mettre en relation avec le "culturel"). Donc pour moi ce rapprochement est dommageable pour DLR.<br /> Concernant mes propres convictions, étant un nationaliste, un populiste et un socialiste, elles sont opposées et même incompatibles avec de nombreuses positions du CNI, aussi ne puis-je pas sans me<br /> renier moi-même voter pour eux, fusse dans le cadre d'une association avec DLR.<br /> <br /> Cette réponse vous convient-elle ?<br /> <br /> <br />